Le 1er ministre Edouard Philippe et la secrétaire d’Etat Sophie Cluzet se sont rendus dimanche 21 mai 2017 au matin pour une visite dans une structure innovante qui accueille sur le même site à Rungis personnes handicapées et personnes valides pour faire l’éloge de « l’inclusion » (vocable européen).
Très bien. Dans le cas présent il semble que ce soit une inclusion à 80 % car, sur le même site, on accueille en même temps plusieurs personnes en situation de handicap.
Nous préférons parler de logement accompagné selon le vocable du 1er Plan autisme et du rapport demandé à l’ANCREAI en 2009. C’est la bonne direction et nous sommes donc en phase avec Mme Cluzet. Mais il ne faudrait surtout pas opposer « l’institution » (établissements et services du médico-social) d’un côté et l’inclusion de l’autre comme deux catégories différentes et deux possibilités selon la sévérité de la dépendance.
Au contraire, l’idée est que c’est tout le médico-social (qui finance également les structures ouvertes, ne l’oublions pas !) qui doit tendre vers cette inclusion que l’on vante tant (et qui est à nos yeux une ardente obligation).
Dès 2004, l’association que je présidais est allée dans ce sens (le foyer de Chelles d’abord, puis la MAS de Bobigny l’année suivante). En 2011 Mme Marie-Anne Montchamp (secrétaire d’Etat) a accepté de venir inaugurer le foyer de Chelles et a pu se rendre compte sur place du caractère innovant du projet lui-même : 3 appartements de 4 ou 5 chambres sur 3 étages dans un immeuble ressemblant à un immeuble ordinaire, dans un quartier résidentiel de la ville.
Mais il faut savoir (et nous sommes bien placés pour témoigner) qu’il faut que les intentions des promoteurs soient respectées par les directions et les équipes des établissements qui tendent à mélanger et regrouper les personnes accompagnées. Et c’est là que le bât blesse trop souvent. Il faut éviter la promiscuité (celle-ci crée par mimétisme des comportements dits problématiques) et favoriser un accompagnement individualisé (et non le seul accompagnement du groupe). Sinon on va à l’encontre du projet.
Soyons honnêtes, c’est trop fréquemment ce qui se passe. En France (car dans d’autres pays, la culture médico-sociale n’est pas ainsi figée), les résistances institutionnelles sont très fortes, conjuguées souvent au corporatisme.
De notre place, nous combattrons de toutes nos forces les régressions qui concernent la non-bientraitance et la mauvaise qualité des accompagnements (méconnaissance des besoins des personnes, formation insuffisante, turn over très important, etc.
Un dernier exemple : les « vacances accompagnées » (cf. éditoriaux) qui s’appuient sur la même philosophie que le « logement accompagné ». Celles-ci sont une composante nécessaire d’un accompagnement qui respecte la dignité des personnes et l’égalité des droits et qui évite la chronicisation, valeurs auxquelles la secrétaire d’Etat est particulièrement attachée (la loi de 2005).
Nous allons donc solliciter un entretien pour lui faire part de notre expérience et demander que l’on mette vraiment en œuvre les recommandations de bonnes pratiques professionnelles.
Marcel HERAULT,
23 mai 2017