L’ANESM a élaboré une recommandation sur les comportements-problèmes au sein des établissements et services accueillant des personnes handicapées, qui a été mise en ligne en décembre et janvier. Dans le même temps, un groupe de travail s’est attelé à l’écriture de ce qui devait être un guide pratique consacré aux espaces de calme-retrait et d’apaisement. Au final, ce dernier document a constitué le volet 3 de la recommandation sur les comportements problèmes. Il faut rappeler que c’est le ministère qui a insisté pour « réglementer l’utilisation des lieux de calme-retrait à cause, nous a-t-on dit, des abus et des risques de maltraitance.
J’ai regretté l’existence de cette 3e partie car les deux premiers volets constituent une réflexion riche sur la thématique des comportements dérangeants, déroutants de certaines personnes handicapées, donc celles avec autisme, en lien avec la qualité de vie et d’accompagnement. Mais la 3e partie donne l’impression que ceux-ci sont une fatalité et qu’il est nécessaire parfois de prévoir des formes de contention et de réduction de liberté…
Dans le même temps, la HAS, en février, publie une recommandation intitulée « Isolement et contention en psychiatrie générale », car le sujet est aujourd’hui sensible. Celle-ci insiste, plus que celle de l’ANESM, sur la sécurité du patient pour éviter les accidents (p. 15). Il faut rappeler qu’en psychiatrie la présence d’un médecin est permanente, ainsi que celle d’un personnel soignant, ce qui change tout et n’est pas le cas dans le médico-social.
Ces deux recommandations, dont la sortie est simultanée, montrent bien qu’il aurait été utile qu’une meilleure concertation se mette en place et qu’il ne faudrait pas « copier » ce qui pose toujours problème en psychiatrie et l’exporter en quelques sortes dans le médico-social avec des moyens humains et matériels qui ne sont pas comparables et qui sont déjà insuffisants pour un accompagnement de qualité. Il faut donc être très vigilant à ne pas faire dans le médico-social ce que l’on réglemente dans la psychiatrie pour éviter les abus.
La vocation du médico-social est l’accompagnement à l’autonomie durant de longues années en valorisant les personnes ; les établissements et services ont pour vocation de donner du sens à la vie des personnes qui ne peuvent vivre seules en particulier à l’âge adulte, mais qui ont les mêmes droits et les mêmes besoins que le reste de la population.