HOMMAGE à SIMONE VEIL

Simone Veil et l’autisme

Nous venons d’apprendre la disparition de Simone Veil. L’hommage que notre association tient à lui rendre s’applique à l’ensemble de sa vie, mais nous souhaitons insister sur le rôle éminent qui fut le sien dans la reconnaissance du handicap de l’autisme dans notre pays, car il est probable que les media n’en parleront pas ou pas suffisamment. C’est cet oubli que nous tenons avec force à réparer.

Simone Veil, en 1994, a demandé au ministère des affaires sociales de lui faire plusieurs rapports. Symboliquement, elle n’a pas demandé ces études au ministère de la santé (elle était également ministre de la Santé). C’est Pierre Gauthier (directeur de la DGAS-aujourd’hui la DGCS) et Jean-François Bauduret qui se sont impliqués à fond dans ce travail. A la veille de l’élection présidentielle de 1995, une circulaire est en préparation. Certaines associations sont vent-debout. Deux associations, au contraire, soutiennent cette initiative : Pro Aid Autisme (Pierre Toureille) et Sésame Autisme (dont je venais de prendre la présidence). Finalement, devant le soutien de ces deux associations, entre les deux tours de la présidentielle, Simone Veil signe la circulaire. Cela restera toujours dans sa mémoire. C’est le début d’une vraie politique de l’autisme en France.

Mais il ne faudrait pas oublier le rôle fondamental qu’elle a eu 20 ans auparavant. Nous lui devons (lors de sa première responsabilité de Ministre des affaires sociales, en lien avec Jacques Chirac qui la soutenait) la première loi sur les établissements sociaux et médico-sociaux (la deuxième est de 2002).

C’était une grande dame. Je l’ai rencontré à deux reprises. La première, en 1994, au congrès de l’UNAPEI qui se tenait à Nantes. Le député Etienne Garnier de St Nazaire, qui était son ami, l’avait sensibilisé aux difficultés que l’association rencontrait avec le conseil général qui estimait que l’autisme relevait de la psychiatrie. Elle a sermonné en public, à la fin de son discours, la vice-présidente des affaires sociales du Conseil général. Ca ne s’oublie pas.

Elle m’a également reçu en 2004 dans son appartement parisien ; elle m’a indiqué qu’elle avait été très sensibilisée également par la présidente de « l’Abri montagnard », qui avait eu son soutien pour créer un des premiers établissements pour adultes. Son calme, sa sensibilité, sa détermination à suivre la direction qu’elle s’était donnée m’ont touché profondément.

C’est pourquoi, je souhaiterais qu’un des établissements que par mon travail acharné j’ai pu ouvrir porte son nom. En Ile-de-France, un des établissements porte le nom d’un grand écrivain de la 2e guerre mondiale : Vercors. Il faut savoir que, en plus du Silence de la Mer, il a écrit deux livres sur les camps de concentration : les Armes de la Nuit (1946) et la Puissance du jour (1947). Ces livres sont remarquables.

Ce serait un hommage extraordinaire que l’association qui gère maintenant ces établissements puisse ainsi boucler la boucle, en rassemblant deux des visages de cette grande dame, pour qui la dignité de la personne humaine a été le combat de sa vie.

Marcel HERAULT – 30 juin 2017