En janvier, Marcel nous quittait...

Le bouleversement occasionné par sa disparition, le contexte sanitaire et des problèmes techniques ont rendu difficile de faire plus tôt l’hommage que je souhaitais lui rendre sur le site.

Marcel était un homme intègre, sincère, rigoureux qui s’est toujours battu pour la protection des personnes en situation de handicap et particulièrement les personnes avec autisme.

Il ne baissait jamais les bras et pourtant, que d’obstacles il a eu à surmonter, quel courage il a eu, quelle ténacité il a déployée pour atteindre ses objectifs et notamment pour créer des établissements en Loire Atlantique, mais surtout en Ile-de-France ces 15 dernières années.

Professeur de lettres, il lisait sans relâche, il avait une capacité à synthétiser les idées qui lui permettait d’avancer avec efficacité. C’est une grande perte, car il avait emmagasiné durant tout le temps où il s’était intéressé à l’autisme, une masse d’informations et il avait une excellente connaissance de la petite et de la grande histoire de l’autisme. Il connaissait bien l’origine de la création des plans autisme et jamais il n’a oublié les plus vulnérables, ceux qui rencontraient les plus grandes difficultés et qui étaient rejetés de partout. Les établissements qu’il a créés étaient surtout destinés à ces personnes et c’était un enjeu difficile qu’il a parfois payé cher.

Il restera de lui toute sa réflexion dont on peut encore s’inspirer, tous les textes qu’il a écrits, les établissements qu’il a créés, tout le travail d’un homme qui s’est dépensé généreusement sans compter et pour tous ceux qui lui étaient proches, que ce soit dans la vie associative ou dans la vie personnelle, il restera cette force qu’il savait si bien communiquer aux autres pour les amener à se dépasser.

Nous continuerons donc dans la voie qu’il avait tracée à défendre les personnes avec autisme.

Françoise HERAULT PLISSON – Présidente de SA3R

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Laissons la parole à Marianne LIGNAC MARY, secrétaire :

Marcel,

La première fois que je t’ai rencontré, nous étions venus, Robert et moi, aux journées de la Fédération Sésame Autisme à Mâcon. C’était au printemps 1999.  Tu venais de perdre ton fils Gildas. A l’AG qui clôturait ces journées, les membres de l’assemblée avaient observé une minute de silence à sa mémoire. Déjà, j’avais admiré ta volonté de poursuivre ton engagement en faveur des personnes autistes, malgré le deuil cruel qui venait de te frapper.

Tenir bon, aller de l’avant, ne pas se décourager, ces qualités d’homme d’action, tu n’avais pas besoin d’en parler, elles étaient évidentes pour ceux qui t’entouraient.

Elles auraient pu être vaines, si elles n’avaient pas eu comme finalité de porter la grande cause de ta vie, celle qui nous a réunis, la lutte en faveur des personnes autistes.

Tu n’y as pas employé que des qualités d’action : tu as aussi mobilisé toute ton intelligence, ta curiosité intellectuelle envers la science, les recherches scientifiques dans l’autisme, les nouvelles approches éducatives et pédagogiques, tout ce qui pouvait aider à faire progresser nos enfants et améliorer leur vie au quotidien.

Éducation, soins, socialisation. Le triptyque décliné lors des colloques de la Fédération, c’est toi qui l’a mis en exergue.

Un jour, tu m’as dit : « Je ne connais pas de meilleur moyen pour aider les familles que de créer des établissements ». C’était cela aussi qui te définissait : un bâtisseur. Au début des années 2000, nous étions un petit groupe de parents de la région parisienne qui nous démenions pour essayer de créer des établissements pour nos enfants qui un jour seraient adultes. Nous étions quelque peu désespérés devant la lourde tâche à accomplir. Tu nous as non seulement rassurés, mais tu as organisé pour nous des journées de formation, où tu donnais des explications sur ce qu’il fallait faire, quels organismes contacter, devant quelle commission passer, la recherche des terrains, la création des projets. Loin d’être découragés par ce qu’il y avait à accomplir, tu nous avais galvanisés, éclairés. Nous savions surtout que tu ne nous lâcherais pas, que nous pouvions compter sur toi, que tu nous accompagnerais dans les démarches les plus difficiles.

En 2002, l’ASITP Gestion a fusionné avec Sésame Autisme Ile de France Est pour devenir Sésame Autisme Gestion et Perspectives. Les fruits de notre travail accompagné de ta formidable énergie n’ont pas tardé à voir le jour. Non seulement six établissements ont été créés, mais les pouvoirs publics nous ont demandé d’assurer la gestion de trois autres et de l’UMI Est.

Nous ne savions pas qu’avec cette période de projets et de créations, malgré les difficultés qui s’y rattachaient, nous avions mangé notre pain blanc… Des heures plus sombres ont obscurci notre moral lorsque nous avons été envahis par les problèmes de gestion. Il a fallu non seulement faire face aux pouvoirs publics, mais aussi à la malhonnêteté, tant matérielle qu’intellectuelle, et à la mauvaise foi. Autant de choses que nous détestions en commun, mais contre lesquelles il est difficile de se prémunir quand nos schémas mentaux ne nous y préparent pas. Dans cette tourmente, tu t’es battu aussi comme un lion, tu n’as pas ménagé tes efforts, toujours animé par la conviction inébranlable d’œuvrer pour le bien des personnes autistes en particulier pour toutes celles accueillies dans les structures de notre association. Françoise, ton épouse, t’a soutenu pendant tous ces moments difficiles.  Connaissant ton amour immodéré des claviers d’ordinateur et d’Internet, elle a beaucoup été sollicitée lorsqu’une idée de texte pour un éditorial, pour obtenir une subvention ou tout autre écrit te venait à l’esprit. Et Dieu sait si tu en avais souvent !  C’est vrai que tu écrivais bien. Tes éditoriaux étaient toujours percutants, clairs, intelligents, abordant tous les aspects que soulevait une question d’actualité sur l’autisme. En ce jour, j’ai aussi une pensée émue pour ton ami, notre regretté trésorier, Pierre Guérin, dont le dévouement pour la cause de l’autisme a été sans faille, disparu lui aussi trop tôt.

Ton énergie, tes coups de gueule, ta clairvoyance manquent déjà dans le milieu de l’autisme. C’est peu dire qu’à nous autres, tes amis qui te sont restés proches, ils vont manquer encore plus.