Nous avons, comme beaucoup d’autres, salué la nomination de Mme Cluzel au secrétariat d’Etat, auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées (voir nos articles précédents).
Nous nous sommes réjouis de l’entendre au dernier congrès de l’UNAPEI il y a quelques jours. Elle a développé les thèmes qui lui sont chers « inclusion » des personnes handicapées mentales et autistes dans la société ; une vie la plus proche de la « normale ». Elle a repris à son compte le slogan de l’UNAPEI : « je suis, je choisis où j’habite ». C’est la philosophie de la valorisation des rôles sociaux, dont notre association s’inspire et que nous avons développée dans plusieurs colloques… Elle a même dit qu’il ne fallait pas avoir peur de la désinstitutionalisation, que ce n’était pas un « gros mot »… Elle a rappelé qu’elle avait besoin des associations qui défendent les personnes handicapées pour l’aider dans son action gouvernementale.
Nous aussi, nous avons besoin d’elle et nous lui présentons tout de suite un premier gros dossier sur lequel elle sera, sans nul doute, jugée et jaugée… Elle pourrait bien jouer sa crédibilité.
En Ile-de-France, fin mai, nous avons découvert un appel à projet des Yvelines et des Hauts de Seine (sa région géographique) pour adultes avec troubles du spectre autistique et pour adultes handicapés psychiques, implanté dans le département des Yvelines, sur un terrain appartenant à l’Hôpital intercommunal de Meulan-les-Mureaux.
Lors du CTRA du 1er juin au siège de l’ARSIF, en présence des rapporteurs de la cour des comptes qui doivent pour la fin de l’année faire une synthèse de la politique de l’autisme à la demande de l’Assemblée nationale, nous avons pu assister à une véritable levée de boucliers des associations présentes, criant au scandale. Juste auparavant, on s’interrogeait sur les raisons de l’augmentation constatée des situations complexes d’autisme et chacun de réfléchir à la vie en institution médico-sociale en rappelant la nécessité de tout petits groupes…
Dans cet appel à projets, il est prévu de réunir dans un même ensemble sur un terrain hospitalier :
On reconstitue des ghettos mortifères, on revient aux hôpitaux psychiatriques et à une forme d’internement.
Tout le contraire des recommandations de la HAS et de l’ANESM.
Aveuglement ? Cynisme ? Ignorance totale des besoins des personnes et de l’évolution des mentalités de la part d’une ARS coupée des réalités et bureaucratique dans son fonctionnement.
Cet appel à projet en l’état est inacceptable. Il est impératif de demander à l’ARS de revoir sa copie, de décomposer cet ensemble en 4 ou 5 projets séparés sur des sites différents, voilà ce que Mme Cluzel va devoir obtenir !
Si on devait persister sur cette voie, ce serait à désespérer de tout, car ce serait un retour en arrière de 50 ans.
Marcel HERAULT, Sésame Autisme 3R
06 juin 2017